Pour que rien ne finisse dans les yeux

Malgré tout, les statistiques des accidents de la Suva montrent que les blessures aux yeux sont au troisième rang des accidents après les blessures aux pieds et aux mains. On peut ainsi en conclure que le risque d’accident oculaire reste sous-estimé. Même si tout s’est bien passé pendant de nombreuses années, un accident est vite arrivé : un supérieur hiérarchique qui ne prend pas son rôle d’exemple au sérieux ou se montre négligent sur la protection des membres de son équipe autant d’éléments déclencheurs d’un possible accident oculaire. La protection au travail doit donc impérativement être un élément (incarné) de la culture d’entreprise.

Elle ne doit pas se limiter à une obligation de l’employeur de protéger ses collaboratrices et collaborateurs contre les accidents. Au contraire, il doit présenter le thème à ses équipes de façon pertinente, les sensibiliser et créer ainsi une perception durable de la protection oculaire. Plus la perception des dangers qui nous guettent est grande, plus la probabilité que l’on porte une protection oculaire augmente. Si le personnel est par ailleurs impliqué dans le processus d’approvisionnement et y contribue dans le détail, alors l’entreprise est sur la bonne voie. Et la protection contre les dangers reste le premier élément à prendre en compte. Seulement après viennent la capacité fonctionnelle et le confort de port.

Outre les économies permises par un nombre moins élevé de jours d’absence, un concept de protection oculaire judicieux a divers avantages pour une entreprise :

• il atteste de l’estime que l’entreprise a pour son personnel,
• les collaboratrices et collaborateurs gagnent en productivité grâce à une vision plus claire et précise,
• le bien-être général augmente, au même titre que la motivation au travail,
• le rôle d’exemple de l’employeur est attesté,
• l’attractivité de l’employeur augmente.

La protection (oculaire) ne constitue ainsi pas un investissement au sens financier, mais bien plus une contribution décisive à la réussite future d’une entreprise. Le développement durable en matière de protection du personnel ne se contente pas de phrases creuses étalées dans des brochures publicitaires. C’est ce que montrent également plusieurs études internationales, notamment l’étude « Return on prevention » de l’International Social Security Association (ISSA) à Genève ou encore le projet «benOSH» (benefits of occupational safety and health) de Prevent, l’Institut pour la santé et la sécurité au travail. Ces deux études parviennent à un facteur de 2.2, à savoir que chaque franc investi dans les équipements de protection personnelle et ainsi dans la protection oculaire rapporte 2.20 francs. La protection oculaire se révèle payante, d’une manière ou d’une autre.